À la Poste, on n'envoie pas que des mots doux
SAINT-DENIS DE LA REUNION
Alors qu’un nouveau préavis de grève a été déposé hier par la CGTR et Sud-PTT, une affaire de diffamation appelée hier au tribunal de police illustre les tensions existant entre ce dernier syndicat de postiers et la direction du centre de tri de Saint-Denis. L’affaire fait suite au mouvement de grève lancé par Sud-PTT en mars 2014, destiné à perturber la distribution des plis électoraux entre les deux tours de scrutin des municipales.
"PAS UN PUNCHING-BALL"
Suite à des divergences dans le cadre de la reprise du travail et de tensions entre postiers grévistes et non-grévistes, deux adhérents Sud s’en étaient pris à leur directrice à travers des écrits déposés le 4 avril dans le cahier de liaison du comité d’hygiène et de sécurité. La cadre s’y retrouvait accusée de « mépriser » et « harceler » les personnels grévistes, voire de les « pousser au suicide ».
« Des accusations de délits très graves et qui dépassent les bornes du dialogue social », a plaidé hier Me Éric Dugoujon pour la directrice, qui a voulu faire cesser ces attaques en citant les deux syndicalistes en justice. Une procédure de "diffamation non-publique" plus symbolique qu’autre chose, puisque les prévenus ne risquent qu’une amende de 38 euros et le paiement de dommages et intérêts. Mais c’est d’abord une affaire de principe pour la directrice, « qui n’a pas vocation à être un punching-ball pour syndicalistes », souligne son conseil. Et l’avocat de pointer que Sud-PTT, avec 22 préavis de grève déposés localement en 2014, est un syndicat « particulièrement revendicatif » bien que très minoritaire, « alors que la majorité des personnels interrogés dans le cadre d’une enquête administrative ne se sont pas plaint de mauvaises relations avec leur direction ». Pour autant, une bonne demi-douzaine de facteurs, tous adhérents ou sympathisants Sud-PTT, sont venus à la barre témoigner du « management irrespectueux » de la directrice, l’accusant d’avoir sanctionné des grévistes en rabaissant leur notation annuelle. Ils disent en outre ne pas comprendre cette citation en diffamation. « Le cahier du CHSCT est justement fait pour que les personnels expriment leur malaise au travail. Tout le monde a parlé de "Je suis Charlie", mais là on s’en prend à notre liberté d’expression », ose un facteur à la barre.
Le parquet s’étant abstenu de prendre position, l’affaire a été mise en délibéré au 17 avril prochain.
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