Vu dans la presse
ça se passe comme ça à La Poste !!!!!
Bonjour,
Juste un message de colère (et aussi de désespoir). Pendant 5 ans de CDD à répétition à La Poste, j’ai tout accepté : les horaires (3 h 30 le matin, les heures sup jusqu’à 23 h, les samedis travaillés et j’en passe), l’avant dernier contrat de 14 mois sans prendre une seule journée de vacances... Tout ça pour être remerciée le 30 septembre dernier. Sur les conseils de la CGT de la PIC (Plateforme industrielle du courrier) de Périgny (La Rochelle), je décide de lancer une action aux prud’hommes.
Une semaine plus tard, je reçois un appel du DRH de Périgny qui me propose un parcours pro de facteur avec au bout (il me le répète plusieurs fois) un CDI, étant donné me dit-il, que tous les chefs d’équipe avec lesquels j’ai travaillé ont toujours été satisfaits de mon travail. J’accepte (laissant tomber une formation que j’avais commencé à mettre en place avec Pôle emploi) me disant qu’enfin la galère CDD chômage allait prendre fin.
Je commence le 13 octobre avec des périodes théorie (validées par le formateur me disant apte à effectuer ce métier). Pas de souci également sur le terrain. Arrive la dernière semaine du parcours pro : aucune nouvelle, le DRH me croise souvent sans rien me dire. Le 29 janvier, commençant à m’inquiéter, j’en informe la CGT qui aussitôt appelle le DHR qui répond que La Poste me prolonge jusqu’au 28 février dans l’attente de signer ce fameux CDI. Et, le 30 janvier, vers 17 h (je termine à 18 h), je suis invitée à me rendre dans le bureau de mon cher DRH où je trouve également la directrice nouvellement recrutée.
Ils m’annoncent que je ne suis pas compétente pour ce métier et que je n’aurai pas de CDI, ni même le prolongement jusqu’au 28 février qu’ils avaient annoncé la veille ! Je leur demande si j’ai mal fait mon travail : non, j’ai bien compris tous les « process » (comme ils disent), je n’ai effectué aucune erreur, mais je ne suis pas faite pour ce métier. J’insiste mais je ne reçois aucun argument satisfaisant pour me démontrer que je ne suis pas compétente pour exercer ce métier. J’ai enfin compris qu’ils me mènent en bateau depuis le début. Ce parcours pro était destiné aux reclassés de la PIC (enfin ceux dont on voulait se débarrasser, ceux qui ne se laissent pas faire, ceux qui osent faire face à la direction), mais pour faire venir un formateur, il faut un certain nombre de personnes, il en manque. Alors on rajoute 3 CDD et le compte est bon.
Moi, j’y ai cru, j’ai fait mon travail correctement, je sais que je suis compétente, mais que la politique de La Poste, c’est de réduire les effectifs et de faire des profits pour ceux bien au chaud dans leurs bureaux. Pourtant ils ne se privent pas de prendre et de jeter les nombreux CDD et intérimaires et d’essayer progressivement de se débarrasser des derniers fonctionnaires ! En plus, le DRH me dit que si j’ai besoin d’une lettre de recommandation pour mes recherches d’emploi, il le ferait sans problème. Ah bon je croyais que j’étais incompétente !
Je commençais à faire des projets, à envisager une vie plus stable et sécurisante et tout s’écroule en une seconde, une heure avant la fin de ce fameux parcours pro… Merci La Poste… Direction Pôle emploi, direction le néant…
Laurence (La Rochelle)
Hebdo L'Anticapitaliste - Mardi 10 Février 2015
La Poste – Toulouse : ras la casquette !
11 Mars 2015
Jeudi 5 mars, plus d’une centaine de postiers de Toulouse et de sa banlieue se sont retrouvés pour manifester devant les locaux de la direction départementale de La Poste, à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-SUD. Le rassemblement s’est poursuivi dans les locaux de la direction, qui a bien dû se rendre à l’évidence : la course au profit sur le dos des postiers, ça ne passe pas…comme une lettre à la poste.
En grève depuis le 23 février, les facteurs de Balma, en banlieue est de Toulouse, largement présents au rassemblement, refusent le projet de délocalisation de leur activité sur deux autres établissements, situés de l’autre côté du périphérique. Pour La Poste, c’est d’abord une juteuse opération immobilière qui se profile et l’occasion, au passage, de supprimer quelques emplois comme elle le fait à chacune de ces réorganisations que les facteurs subissent depuis des années. Cerise sur le gâteau, cette véritable attaque contre les conditions de travail des postiers de Balma est prévue alors que le chiffre d’affaires du bureau a augmenté de 22 % en 2014 !
La détermination des grévistes à ne pas se laisser déplacer comme des pions a, à juste raison, justifié la solidarité des postiers d’autres établissements : les travailleurs du Centre financier de La Poste de Toulouse ont signé massivement une pétition de soutien et collecté 221euros pour les grévistes. Ceux de Saint-Alban, en banlieue nord, ont fait grève par solidarité et pour s’opposer à un nouveau mauvais coup de La Poste qui vise à rallonger leur journée de travail, en supprimant au passage la pause de 20 minutes prévue pendant la tournée. Et ceux du quartier de la Côte Pavée à Toulouse, en grève à plus de 50 %, sont venus également en soutien.
Face à la direction qui a tenté de jouer la division, les facteurs ne s’en sont pas laissé conter. « On est là pour tout ! » : emplois supprimés, épuisement au travail, accidents à répétition, mépris de l’encadrement.
En exprimant ainsi le mécontentement général, quels que soient leur bureau et les mauvais coups qu’ils subissent, les postiers ont montré qu’ils n’étaient pas dupes des manœuvres de la direction, qui s’en prend avec méthode aux emplois et aux conditions de travail, ville après ville, établissement après établissement, pour grossir les profits. Cette mobilisation en appelle d’autres.
Correspondant LO
Les bureaux de poste bientôt transformés en maisons de services publics ?
Pourra-t-on bientôt aller chercher son courrier, sa facture d'électricité et rencontrer un conseiller du Pôle emploi dans un seul et même lieu ? La Poste a annoncé mercredi 25 février qu'elle étudiait la possibilité de transformer certains bureaux de poste en « maisons de services au public » et de les ouvrir à des opérateurs et à des collectivités, à la suite d'un rapport remis en janvier.
Le député socialiste du Lot Jean Launay estime dans son rapport que le rôle de La Poste doit être renforcé dans les zones rurales, et que de nouvelles synergies avec d'autres administrations ou services (tels EDF, la CAF, Pôle emploi) doivent être développées. Le document estime qu'environ 1 200 bureaux de poste auraient ainsi « le potentiel » pour être transformés en bureaux de poste-maisons de services publics partagés.
Il rappelle également que les 17 052 points de contact du réseau postal permettent à 96,7 % de la population de se trouver à moins de 5 kilomètres en voiture ou à moins de vingt minutes d'un bureau de poste.
OBJECTIF : RÉDUIRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE
En « réponse » aux propositions de M. Launay, La Poste s'est dite « prête à accueillir des maisons de services au public dans ses bureaux de poste en s'appuyant sur la qualité de son maillage territorial et sur le développement de son offre numérique ». Cette mutualisation consisterait dans « la mise en commun de moyens matériels et humains afin d'améliorer la qualité des services rendus et de répondre aux besoins de la population », selon un communiqué. Le député Jean Launay a réagi à l'annonce de La Poste jeudi, indiquant qu'il se « félicit[ait] de cette initiative ».
Au vu de la présence de ses bureaux sur tout le territoire et de ses postiers « assermentés », La Poste estime qu'elle « possède toute l'infrastructure nécessaire, tant sur le plan humain que logistique ». « Cette initiative permettrait à La Poste de contribuer à la réduction de la fracture numérique par la mise à disposition d'équipements connectés, de garantir un accueil et un accompagnement humain de proximité et de participer au maintien des services dans les zones les plus fragiles », conclut le communiqué.
LYON. Les facteurs se connectent pour remplir de nouvelles missions
LYON.
Vérifier le bon état des halls d’immeubles pour des régies, relever des compteurs de gaz ou d’eau, ou encore porter des dossiers pour les caisses de retraite, telles sont les missions qui sont ou seront prochainement dévolues aux facteurs lyonnais.
Franck est un facteur heureux. Depuis dix-sept ans, ce jeune homme de 36 ans arpente la Presqu’île, de la place de la Bourse à la place Carnot, muni de son chariot. Et désormais de son smartphone, un outil devenu indispensable depuis quelques mois. Il connaît toutes les rues, tous les habitants, chaque boîte à lettres.
Nous l’avons suivi, hier mardi 24 février, dans sa tournée.
Code-barres pour les plis recommandés
Lorsque Franck récupère son lot de lettres recommandées, tôt le matin à la poste Antonin-Poncet, tous les plis nécessitant une signature ont été préenregistrés dans son téléphone « Facteo ». Il n’a plus qu’à faire signer le destinataire directement sur l’appareil, ou cocher la case « absent ». Son téléphone gère la progression de la distribution. Idem pour les procurations, avec l’ensemble des informations stockées et disponibles sur facteo.
Les yeux des régies immobilières
Il ne remplace pas la régie, mais alerte lorsque des boîtes aux lettres sont dégradées, des allées salies ou une porte cochère fracturée. Ce service, facturé par La Poste, ne remplace pas un gardien, mais est complémentaire des visites régulières effectuées par la régie Limouzi, actuellement seule structure immobilière à utiliser les services de La Poste auprès de 70 adresses lyonnaises. « Le facteur est une personne de confiance, présent 6 jours sur 7, et il connaît personnellement de très nombreux habitants », explique Stanislas Limouzi, président-directeur général de la régie éponyme.
À terme, un « facteur service plus »
Le groupe La Poste l’évoque depuis plusieurs mois : outre cette mission de liaison et d’alerte, le facteur pourrait être mandaté pour des visites auprès de personnes pré-identifiées. Ainsi que pour des relevés de compteurs de gaz, d’eau…
Diversifier l’activité postale
À l’heure où la disparition d’antennes de services publics inquiète, Julien Caraux, directeur des opérations au groupe La Poste, précise que cette diversification d’activités est non seulement indispensable pour l’équilibre financier du groupe, mais contribue à maintenir du lien social. Développer des services de proximité avec des facteurs connectés. En ville autant qu’en zone rurale.
leprogres.fr
Jeudi 26 février 2015
Brigitte Del Rizzo
À la Poste, on n'envoie pas que des mots doux
SAINT-DENIS DE LA REUNION
Alors qu’un nouveau préavis de grève a été déposé hier par la CGTR et Sud-PTT, une affaire de diffamation appelée hier au tribunal de police illustre les tensions existant entre ce dernier syndicat de postiers et la direction du centre de tri de Saint-Denis. L’affaire fait suite au mouvement de grève lancé par Sud-PTT en mars 2014, destiné à perturber la distribution des plis électoraux entre les deux tours de scrutin des municipales.
"PAS UN PUNCHING-BALL"
Suite à des divergences dans le cadre de la reprise du travail et de tensions entre postiers grévistes et non-grévistes, deux adhérents Sud s’en étaient pris à leur directrice à travers des écrits déposés le 4 avril dans le cahier de liaison du comité d’hygiène et de sécurité. La cadre s’y retrouvait accusée de « mépriser » et « harceler » les personnels grévistes, voire de les « pousser au suicide ».
« Des accusations de délits très graves et qui dépassent les bornes du dialogue social », a plaidé hier Me Éric Dugoujon pour la directrice, qui a voulu faire cesser ces attaques en citant les deux syndicalistes en justice. Une procédure de "diffamation non-publique" plus symbolique qu’autre chose, puisque les prévenus ne risquent qu’une amende de 38 euros et le paiement de dommages et intérêts. Mais c’est d’abord une affaire de principe pour la directrice, « qui n’a pas vocation à être un punching-ball pour syndicalistes », souligne son conseil. Et l’avocat de pointer que Sud-PTT, avec 22 préavis de grève déposés localement en 2014, est un syndicat « particulièrement revendicatif » bien que très minoritaire, « alors que la majorité des personnels interrogés dans le cadre d’une enquête administrative ne se sont pas plaint de mauvaises relations avec leur direction ». Pour autant, une bonne demi-douzaine de facteurs, tous adhérents ou sympathisants Sud-PTT, sont venus à la barre témoigner du « management irrespectueux » de la directrice, l’accusant d’avoir sanctionné des grévistes en rabaissant leur notation annuelle. Ils disent en outre ne pas comprendre cette citation en diffamation. « Le cahier du CHSCT est justement fait pour que les personnels expriment leur malaise au travail. Tout le monde a parlé de "Je suis Charlie", mais là on s’en prend à notre liberté d’expression », ose un facteur à la barre.
Le parquet s’étant abstenu de prendre position, l’affaire a été mise en délibéré au 17 avril prochain.
La Poste lance son école de la Banque
La Poste lance son école de la Banque
Par Le figaro.fr avec AFP Publié le 12/02/2015
La Poste a annoncé aujourd'hui le lancement officiel de son école de la Banque et du Réseau, "dont l'objectif est d'accompagner la transformation des métiers" de son réseau "afin de mettre la décision en matière bancaire au plus proche du client".
"Cette école a pour objectif d'accompagner les 70.000 collaborateurs de La Banque Postale, des Services financiers et du Réseau La Poste, en les formant à de nouvelles compétences et de nouveaux métiers pour apporter de nouveaux services à nos clients", explique le communiqué.
Le groupe avait officialisé en avril dernier une nouvelle organisation basée sur le rapprochement entre La Banque Postale et le Réseau La Poste, qui s'occupe de l'acheminement et de la distribution du courrier. Parmi les projets figuraient le regroupement des lignes commerciales, la création d'une DRH commune et donc la naissance de cette école.
Son comité scientifique, présidé par Georges Pauget, l'ancien directeur général de la banque Crédit Agricole SA, s'est réuni pour la première fois ce jeudi. Cette école, "présente sur tout le territoire et accessible à tous", s'appuiera sur les formateurs du groupe et sur des partenariats avec des "écoles et universités de renom", dont un déjà en cours avec l'École supérieure de la banque (CFPB). "Tous les collaborateurs, des guichetiers aux responsables territoriaux en passant par les conseillers bancaires et les collaborateurs des centres financiers seront concernés par les formations proposées", indique La Poste dans son communiqué. "Dès 2015, ce sont ainsi 750 directeurs de bureaux de poste qui bénéficieront d'une formation certifiante ou diplômante; tous seront formés d'ici fin 2016", précise le groupe.
Permis de conduire : La Poste préfère la théorie à la pratique
Depuis l'automne, La Poste étudie la possibilité d'organiser le code comme une « contribution à la modernisation de l'action publique », un des axes de son projet stratégique. -
L’entreprise publique va demander un agrément pour organiser les épreuves de code.
Elle est plus prudente sur le recours à des postiers pour l’examen de la conduite.
Demain, des postiers feront-ils passer le permis de conduire, comme le projet de loi Macron – sur lequel l’Assemblée nationale se prononce aujourd’hui – en ouvre la possibilité ? Si La Poste s’est positionnée depuis de longs mois sur l’organisation du code, l’entreprise publique semble en revanche avoir été prise de court par le rôle que le ministre de l’Economie veut lui confier dans l’épreuve pratique.
Initialement, le projet de réforme du permis de conduire prévoyait, pour réduire les délais d’attente entre deux passages de l’examen (jusqu’à cinq mois en Ile-de-France), de recentrer les 1.300 inspecteurs sur l’examen pratique du permis B, en confiant à des « opérateurs agréés » la surveillance de l’épreuve théorique.
Cette possibilité, La Poste l’étudie depuis l’automne comme une « contribution à la modernisation de l’action publique », un des axes de son projet stratégique, selon une source proche du dossier. La direction l’a confirmé hier dans un texte diffusé en interne, dont « Les Echos » ont eu communication : le groupe public « sollicitera un agrément qui lui permettra d’être un des organisateurs de l’épreuve théorique du code de la route ». La Poste mettra pour cela à profit son implantation partout en France et le fait que ses « collaborateurs, assermentés, pourront garantir le respect des principes de neutralité et d’égalité qui doivent nécessairement présider à l’exercice d’une telle mission. » A condition, sans doute, de trouver un terrain d’entente avec l’Etat sur la rémunération de ce service.
« Improvisation »
Mais le ministère de l’Economie, estimant que cette mesure ne suffirait pas à faire fondre les délais, est allé plus loin : un amendement déposé dans le cadre de la loi Macron a instauré la possibilité, pour les préfectures, de recourir à des agents publics ou contractuels, comme examinateur de l’épreuve pratique. « J’ai demandé au PDG de La Poste de s’organiser en conséquence », a déclaré Emmanuel Macron dans l’hémicycle pour illustrer son propos.
L’idée a été diversement accueillie par les syndicats de l’entreprise publique. Si la CFDT se dit prête à tenter l’expérience, Sud fustige « un gouvernement en pleine improvisation » qui semble « considérer que des postiers(ères) se tournent les pouces ». La CGT déplore, elle, « un non-sens qui n’a aucun rapport avec les missions de base de La Poste ».
De son côté, la direction semble prudente, même si elle ne va pas, évidemment, désavouer son ministre de tutelle. Certes, « s’agissant des épreuves pratiques du permis de conduire, La Poste proposera aux collaborateurs intéressés par cette mission de venir en renfort des inspecteurs » après avoir suivi une formation de plusieurs mois, indique l’entreprise dans sa communication interne d’hier.
Mais le sujet est là limité à des initiatives personnelles, et non à un projet d’entreprise. Et le recours à Mobigreen, la filiale de La Poste spécialisée dans la formation à l’écoconduite, un temps évoqué, ne semble plus d’actualité.
La Poste et le permis de conduire : Lettre à un ami journaliste
01 février 2015
Mon cher ami,
Ce soir j’ai décidé de prendre la plume. Ce n’est pas trop dans mes habitudes parce que moi, même si je suis dans les lettres, j’ai plus l’habitude de les porter que de les écrire. Oui mais voilà, maintenant je n’ai plus le choix parce que là tu m’as blessé et comme cela fait plusieurs mois que tu insistes lourdement, je préfère te le dire et t’expliquer pourquoi. C’est ce qu’on fait généralement à un ami non ?
Tu te rappelles peut-être de moi ? Je suis factrice… mais si, factrice.. enfin, voyons.. factrice… celle qui t’apporte le courrier, ton journal… ça y est ? Tu me vois ? Bon alors je continue.
Voilà plusieurs mois que je lis dans ton journal, mais aussi dans plein de journaux et même à la télé que je n’ai plus assez de travail, qu’il faut absolument me trouver quelque chose à faire et que mes patrons auraient des tonnes d’idées pour ne pas que je finisse au chômage.. Ils appellent ça la chute du courrier et les nouveaux services !
Mais, déjà, tu vois, ça m’étonne ce que tu écris : je voulais juste savoir si tu avais vérifié tout ce que La Poste te dit ? Les chiffres quoi ? J’imagine qu’on doit pas te la raconter comme ça, non ? Si tous les mois nos patrons te disent que le courrier s’écroule, qu’il faut absolument trouver autre chose à faire, tu dois bien pouvoir vérifier tes sources non ? Enfin, tu me diras… mais recompte bien les lettres parce qu’il doit y avoir une erreur quelque part.
J’imagine que n’importe lequel de tes lecteurs, s’il ne connaît pas le fonctionnement de La Poste doit se dire : « whouuuuuuuu, ils sont vachement bien à La Poste : ils cherchent des solutions, ils font tout pour éviter que leur personnel se retrouve à la rue »… oui, ils doivent se dire ça ! Mais alors, maintenant il faut nous expliquer (oui, tu n’es pas sans savoir que nous, les postiers, on est très con, on comprend rien…) plusieurs petits trucs !
D’abord quand on te lit, on a l’impression qu’on ne fout rien… et qu’on attend le travail. Alors sais tu qu’on est réorganisé en permanence au nom justement de cette « baisse de trafic » ? Tous les deux ans on passe à la moulinette, on nous supprime des tournées et plein d’emplois. Bref.. on ne souffle jamais. Et puis en fait le travail est de plu s en plus dur même.. le tri est fait par les machines et donc, on est de plus en plus dehors, 6 jours sur 7, jamais de week end et par tous les temps.. Et tu vois, ça.. tu le dis pas.
Alors ? Nous on bosse toute la journée, on s’ennuie pas… Et si tu as lu quelques-unes des nombreuses expertises qui ont été faites sur notre métier, tu dois savoir que non seulement on ne s’ennuie pas, mais qu’en plus beaucoup d’entre nous sont au bord du gouffre, en dépression, ou pire… mais peut-être n’étais tu pas au courant des suicides à La Poste ?
Et des nouveaux services, on en a déjà… Relever des compteurs, apporter le pain, visiter des personnes âgées, etc… Dans l’Essonne, là où je travaille, il y a même des collègues qui vont prendre des photos des travaux finis par les sous-traitants, dans la rue, pour le compte d’EDF.. pfff… inspecteur des travaux finis quoi ! Bon enfin, tu te renseigneras, tu verras.. mais sache que si chacune de nos activités de distribution est calibrée à la centième de minutes (si, si !), par contre, aucune des nouvelles activités ne correspond à du temps supplémentaire pour nos tournées… Bizarre non pour une entreprise qui veut sauver le métier !
Remarque bien que j’aurais pu être plus rapide et dire que si on cherche du travail pour La Poste, il est étrange qu’on fasse autant d’heures supplémentaires ! Il est aussi étrange que nos patrons parlent de « sauver nos emplois » alors qu’ils les massacrent à chaque réorganisation.. Il faudrait vraiment que tu viennes nous voir pour comprendre quoi !
Mais surtout, et ça, en tant que journaliste tu vas pouvoir vérifier…
Le Président de La Poste a déclaré que l’ambition de La Poste était d’arriver à un Chiffre d’Affaire de 200 millions d’euros sur les nouveaux services d’ici 2020 ! Moi, je t’avoue, mon objectif est moins élevé mais c’est clair que si mon salaire de 1250 euros pouvait aussi augmenter, j’en serais pas fâché ! Mais tu sais quoi ? Vouloir sauver le courrier avec un objectif de 200 millions d’euros, c’est un peu comme si je croyais qu’en 2020 j’allais pouvoir m’acheter un chateau en mettant de côté toutes mes pièces jaunes dans une petite bouteille !
200 millions ! Retiens bien ce chiffre mon ami… et relis un peu tes articles précédents… Par exemple, dans le Monde, en avril 2014 tu écrivais que « La Poste va verser 126 millions d’euros de dividendes à l’Etat, son principal actionnaire »… Non mais tu te rends compte ! En 2014 La Poste a donc versé pour une seule année la moitié de l’objectif des nouveaux services prévus sur 5 ans ! T’avoueras… c’est fou non ? Et le ministre de l’Economie, Macron, voudrait qu’on fasse passer les permis de conduire ? Bah… qu’il nous redonne les 126 millions, on gagnera du temps…
Alors je ne sais pas non plus si tu le sais, mais aujourd’hui, tous ces nouveaux services représentent 10 millions d’euros… c’est à dire 0,04 % du Chiffre d’Affaire de La Poste… Et les 200 millions envisagés, c’est 0,9 % du Chiffre d’affaire actuel… Franchement, mon ami, tu penses vraiment que c’est avec ça qu’on va sauver « le courrier »…? (mais peut-être n’avais tu pas tous ces chiffres… je te les laisse sans soucis).. Sur l’Essonne, pour 2015, l’objectif ambitieux de nos patrons est de faire 40 000 euros sur ces nouveaux services.. c’est à dire 1,42 % du Chiffre d’Affaire Courrier du 91…
Ça sent l’arnaque non ? Et surtout, mon ami, ce qui est incroyable, c’est que ce que La Poste appelle « nouveaux services », et bien je le faisais déjà avant, gratuitement et avec le sourire… ça s’appelait le « service public ». C’est tout ça (rendre service, aider, créer du lien entre les gens) qui a fait notre réputation de facteur, l’un des métiers les plus aimés en France. Dans un premier temps, La Poste nous a sanctionné si on rendait de « tels services » (par exemple prendre le courrier pour le poster…). Maintenant, elle veut juste qu’on le vende ce service… Tu vois, il faudrait vraiment que tu enquêtes sur ce qui se passe chez nous et que tu ne contentes pas de recopier les communiqués de notre direction sans les vérifier…
Allez, je m’arrête… il est déjà 6 heures du matin et il faut que j’aille au travail pour distribuer ton journal.. celui qui dit qu’on ne fout rien en fait…
Mais sans rancune, quand tu veux, passe à la maison prendre un petit café… on en causera. A moins qu’en tant que journaliste, ton journal t’envoie un peu prendre soin des personnes âgées dans les maisons de retraite, parce qu’il paraît que la vente des journaux s’écroule.. je me demande bien pourquoi..
Une factrice (pas folle la guêpe, avec toute la répression que connaissent les postiers qui l'ouvrent, tu crois pas quand même que j'allais te laisser mon 06 !).